En cette fin 2012, je ne résiste pas à l'envie d'écrire un billet. C'est vrai que le projet semble à peu près terminé, et désormais nous sommes dans la catégorie « éditions antérieures » du site des olympiades de physique ! Dur de vieillir. Le concours national est bientôt, d'ailleurs, bonne chance aux participants !

Mais je repense avec nostalgie aux heures où, un an auparavant, je me cloitrais dans ma chambre pendant des heures dans le noir, pour tourner une petite manivelle qui faisait avancer une photorésistance millimètre par millimètre, afin d'étudier la luminosité transmise par une surface de petites billes transparentes. C'est mûes par ce souvenir que mes pensées me plongent à nouveau vers l'invisible.

Car il faut signaler quelque chose, dont au fond nous ne sommes pas peu fiers : nous avons reçu une médaille de l'académie des sciences. Il y a un mois à peu près.

 

Mardi 27 novembre 2012

Alors que nous taupinions comme d'habitude, suivant le cours de nos petites vies d'élèves de classe prépa, il a fallu sortir les costards du placard. Car l'après-midi, nous avons rendez-vous à l'Institut de France, sous la Coupole, pour y recevoir une médaille de l'Académie des Sciences, et rien que le nombre de majuscules de cette phrase montre que c'est quelque chose d'assez inhabituel.

Le matin, nous allons donc en cours, certains en DS de SI, certains en costard, ce qui ne passe pas vraiment inaperçu mais passons.

 

Oubliant temporairement le fait que nous allions rater 4h de cours, nous nous sommes donc retrouvés devant l'Institut de France, dans le VIème arrondissement. Le long des rues de Paris, nous marchons dans une certaine émotion. Dans une certaine flaque d'eau aussi car il pleut. Bref, nous retrouvons donc devant l'Institut nos familles, ainsi que notre prof de physique, et Mme Bureau, technicienne du labo de physique de Pothier (la personne à qui on demande le plus d'oscillos au monde). Nous avions deux places chacun, et madame Baurrier a dû jouer des coudes, voire faire un concours de bras de fer avec les Académiciens, pour obtenir ses invitations.

C'est donc bien habillés que nous entrons dans l'Institut, puis sous la Coupole. Il faut avouer que c'est monumental. D'abord accueillis avec chaleur par le buste de Mazarin, nous découvrons la coupole vu de dedans, et… c'est pas mal non plus. Autour de nous, une sorte d'amphithéâtre avec des sièges confortables. Nos places sont attitrées. Devant nous et à côté de nous, de nombreux chercheurs prestigieux qui allaient recevoir un prix de l'Académie des Sciences pour leurs travaux. Damien a eu la surprise de se retrouver à environ 20 cm de la place de madame Charpak, mais elle n'est pas venue à cette séance.

Puis sont entrés les membres de l'Académie des Sciences, les « Hommes en verts », sous un hourra très solennel. Puis un homme en veste de cuir est apparu et a commencé à jouer du hard rock avec les dents sur une guitare en feu. Je plaisante.

Jean-François Bach, le président de l'académie des sciences… présidait la séance, assisté par Alain Carpentier et Catherine Bréchignac, secrétaires perpétuels, ainsi que Philippe Taquet, vice-président. Une foultitude de prix a été remise à des chercheurs pour les récompenser. Leurs domaines de recherche étaient très variés et portaient aussi bien sur la transdifférenciation d'une cellule épithéliale de l'intestin en un motoneurone que sur la drosophile, la mécanique des fluides, l'imagerie sismique, les fermions, les batteries à Lithium, les propriétés quantiques de champs piégés dans une cavité, le refroidissement optique d'oscillateurs micro-mécaniques, et la puberté des anguilles. J'en passe. C'était assez impressionnant.

Puis des médailles ont été remises au major de l'Ecole Polytechnique et au major de l'Ecole Centrale. On sait donc ce qu'il faut faire pour revenir ! Majorer Polytechnique ou Centrale. Hum oui bon, on verra en temps voulu hein !

Nous avons également assisté à une conférence sur le boson de Higgs, ce petit truc qu'on a trouvé quelque part en Suisse. "Peut-on comprendre simplement le boson de Higgs ?"par Édouard Brézin, membre de l'Académie des Sciences. Et bien la réponse est non.

 

Puis ce fut notre tour, l'académie récompensant les lauréats des olympiades nationales et internationales de physique, puis ceux des olympiades nationales et internationales de géosciences. Le président de l'académie s'est attardé sur les petits textes que nous lui avions envoyés par mail peu avant. Il a affirmé que ces petits textes étaient assez touchants, et a insisté sur notre volonté de transmettre nos remerciements à notre prof et à nos familles et sur le plaisir que nous avons éprouvé en faisant de la science dans l'entraide et la bonne humeur. On nous a encouragés à faire des sciences. Après quelques photos avec le vice-président de l'Académie des sciences, nous regagnons notre siège, alourdis par une petite boîte bleue contenant une médaille de l'Académie des Sciences. Sur cette médaille ? Une figure féminine, nous croyions qu'il s'agissait de Marianne, mais son bonnet phrygien s'étant métamorphosé en casque en métal nous en avons conclu qu'il s'agissait d'Athéna, déesse de la sagesse. Chouette.

La séance levée, nous sortons de la Coupole, prenons quelques photos avec un membre de l'Académie puis avec Napoléon qui se cachait derrière. Enhardis par le petit buffet Lenôtre, nous discutons avec quelques scientifiques de renom, tout en grignotant des toasts et autres macarons. Faites de la physique.

Bref, cette expérience à l'Académie des Sciences était vraiment impressionnante. Enfin, la nuit tombée, c'est-à-dire assez tôt en ce mardi de fin novembre, nous ressortons pour rentrer chez nous, c'est-à-dire en prépa. Car, la médaille en poche, c'est reparti pour un tour de billes sur un bout de bois…